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Serge Tisseron, psychiatre : « Pour lutter contre la solitude des enseignants face aux menaces et aux intimidations, il faut instaurer des temps de concertation hebdomadaires »

La commémoration des morts de Samuel Paty et de Dominique Bernard [deux professeurs assassinés respectivement le 16 octobre 2020 et le 13 octobre 2023] seront inutiles si elles n’amènent pas à réfléchir aux moyens d’éviter non seulement que de tels drames se reproduisent, mais que les enseignants se sentent mieux compris et soutenus da et le ns des difficultés quotidiennes qui leur font de plus en plus craindre le pire.
Certains éléments du problème échappent à l’éducation nationale, comme la viralité de la haine sur Internet ou l’existence de personnalités prêtes au meurtre pour bénéficier de l’estime de leur communauté ici-bas et du bonheur dans l’au-delà. En revanche, d’autres approches sont possibles – d’autant plus que, depuis septembre 2023, des programmes ont été mis en place dans le cadre de l’éducation nationale pour lutter contre la solitude des enfants victimes d’intimidation ou de harcèlement.
Certains de ces programmes portent sur la nécessité de rendre chaque enfant en capacité d’être attentif à ceux qui l’entourent, de les écouter et de relayer éventuellement leurs préoccupations. Il ne s’agit pas de développer l’empathie « des élèves » ou « chez les élèves », mais « par les élèves », en proposant des mises en situation à partir desquelles ils sont invités à débattre des conséquences de leurs actions et de celles de leurs camarades d’un point de vue éthique, et à réfléchir collectivement à la construction d’une réponse par laquelle aucun des protagonistes d’une situation conflictuelle ne se sentirait ni malmené ni humilié.
Parce que les compétences empathiques des élèves sont inséparables de celles des enseignants, nous nous efforçons de faire en sorte que ceux-ci en éprouvent les bienfaits pendant leur formation à base d’interactions et de collaborations, parallèlement à la façon dont ils tentent de la développer entre leurs élèves.
Cette coéducation à l’empathie n’a pas seulement pour objectif de lutter contre la violence, l’intimidation et le harcèlement, mais de contribuer à un climat scolaire serein qui permet aux enfants de travailler dans les meilleures conditions possibles : tout ce qui augmente le stress diminue non seulement les capacités d’empathie, mais aussi les possibilités d’apprentissage. octobre
C’est à mon avis exactement dans les mêmes termes qu’il faut poser aujourd’hui la question de la solitude de nombreux enseignants face aux menaces et aux intimidations qu’ils peuvent craindre, même si ces menaces ne se concrétisent heureusement pas toujours. De la même façon que l’empathie entre élèves s’apprend dans des activités collaboratives partagées de façon à créer un esprit de classe dans lequel chacun se sent soutenu par tous les autres, les enseignants appartenant à un même établissement doivent aujourd’hui avoir la possibilité et le temps de réfléchir ensemble.
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